Enseignant , métier en péril?

                                 ENSEIGNANT : METIER EN PERIL ?         ( un article du Bien Public )

“Le plus beau métier du monde” ne suscite plus beaucoup de vocations… Photo AFP

“Le plus beau métier du monde” ne suscite plus beaucoup de vocations… Photo AFP

Le métier de professeur des écoles a fortement perdu de son attractivité ces dernières années, comme en témoigne le faible nombre de candidats présents au concours 2012.

Alors que le concours 2011 de professeur des écoles avait connu une chute sans précédent de candidats (voir l’infographie ci-dessous), on aurait pu s’attendre pour 2012 à une remontée. Il ne proposait en effet que 3 000 postes (niveau historiquement bas) et s’inscrivait surtout dans l’année de transition de la réforme de la formation des enseignants (ou “masterisation”). Les dates de concours avaient changé pour s’articuler avec le master désormais obligatoire, si bien qu’il y avait eu en juin 2010 le concours 2010 (pour les débutants de la rentrée 2010), puis, dès septembre 2010, l’épreuve d’admissibilité du concours 2011 des professeurs des écoles.

Si, pour le concours 2012, on retrouve à peu près le même nombre de candidats, c’est que la perte d’attractivité est durable. « Si l’année dernière était transitoire, cette fois l’explication ne tient plus. L’effet dissuasif de la masterisation se confirme et c’est inquiétant », commente Sébastien Sihr du SNUipp-FSU, principal syndicat des écoles.

« D’autant plus inquiétant que le nombre de postes offerts pour 2012 avait augmenté à 5 000 et que le ministère avait organisé au printemps une coûteuse campagne de recrutement », a ajouté Christian Chevalier, du SE-Unsa. « Ce n’est pas que les jeunes ne veulent plus passer le concours, les enquêtes montrent que la vocation et l’envie sont bien présentes, c’est qu’ils ne peuvent plus, du fait de conditions rendues plus difficiles », selon M. Sihr.

« Pas très attrayant »

En élevant au master (bac + 5) le niveau requis pour devenir enseignant, la “masterisation” a écarté des élèves peu favorisés pouvant difficilement financer cinq années d’études post-bac, sans vraiment attirer de plus favorisés du fait du salaire qui les attend après un master et un concours. « Même si le ministre Luc Chatel a augmenté les débutants de 10 %, faire bac + 5 pour commencer à 1 500 euros par mois ce n’est pas très attrayant, surtout si l’on compare aux salaires de début de carrière des autres pays qui sont bien plus élevés, comme vient de le montrer l’OCDE », explique M. Chevalier.

La session 2012 a aussi vu deux nouvelles certifications réclamées aux candidats en plus du master, en langue étrangère et en informatique, toutes deux payantes, aux taux de réussite faibles et que certaines universités autonomes n’ont pas fait préparer aux étudiants.

Pour les syndicats et parents d’élèves, « des solutions existent si l’on veut redresser la barre », comme des prérecrutements dès la licence, des aides financières accrues aux élèves pauvres, plus de formation pédagogique et des hausses de salaires.

Sollicité pour commenter les chiffres, le ministère n’était pas en mesure de répondre dans l’immédiat.