sauvetage
Ain - Témoignage.
Ils racontent comment ils ont sauvé
une mère et son bébé de la noyade
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Publié le 03/09/2011 à 00:00
Le bateau s’est retourné au milieu de la Saône, sans doute à cause d’une mauvaise répartition du poids des passagers / Photo Laurence Serbac
Montmerle-sur-Saône.
Jeudi, la promenade sur la Saône a failli tourner au drame pour une famille.
Le bateau s’est retourné, emprisonnant la mère et son fils de 2 ans dans la cabine
« J’ai entendu un gros bruit et une hélice tournant dans le vide. J’ai alors vu le bateau retourné au milieu de la Saône et deux hommes accrochés à la coque dont l’un tenait un enfant avec le bras. Ils criaient au secours. » Rachel Chapolard, un habitant de Montmerle, pique-nique sur la berge quand le drame se produit, jeudi peu après 15 heures. Cet agent de maîtrise de 37 ans se précipite alors sur son téléphone et alerte les pompiers. « Puis je leur ai dit : je saute à l’eau. Et j’ai nagé une centaine de mètres », raconte celui dont l’intervention a été décisive pour sauver une femme et son enfant.
Avec son mari et son autre garçon âgé de 5 ans, elle était venue essayer un OMC, un petit bateau de près de quatre mètres, que le couple projetait d’acheter. Le propriétaire, un habitant de Belleville (Rhône), avait délégué un copain pour que la petite famille puisse tester le bateau. La mère et son fils de 2 ans avaient pris place dans la cabine, tandis que le père pilotait le bateau, avec son fils de 5 ans à ses côtés. Ce bateau pouvant transporter six personnes, c’est probablement une mauvaise répartition du poids des passagers qui a entraîné le naufrage.
« Quand j’ai atteint le bateau, le copain du propriétaire m’a dit qu’il était à bout de force et qu’une femme et son bébé étaient coincés dessous » poursuit Rachel Chapolard. « Avec lui et le papa, qui a d’abord ramené son garçon sur la berge, on a poussé le bateau vers le bord en nageant d’un seul bras. Heureusement qu’il n’y avait pas trop de courant. »
Il fallait faire vite. La double coque s’était remplie d’eau et nul signe de vie dans la cabine. Épuisés, les trois hommes tentent alors à plusieurs reprises de basculer l’embarcation. Sans succès. Le bateau pèse une demi-tonne et il est rempli d’eau ce qui double son poids.
Heureusement, ils reçoivent le renfort des deux policières municipales, Élodie Pernoud, 22 ans, et Vanessa Fayolle, 28 ans. De l’autre côté de la Saône, un jeune pêcheur a en effet assisté à la scène et alerté son père, 2 e adjoint de la commune, du naufrage.
« Chaque seconde comptait. On a sauté dans la voiture. Je n’ai jamais roulé aussi vite », raconte Élodie. Les deux jeunes femmes se jettent toutes habillées dans l’eau. À cinq, les tentatives pour retourner le bateau reprennent. En vain. Les pieds des sauveteurs s’enfoncent dans le fond sableux. Les minutes passent. L’eau commence à pénétrer dans la cabine où se répand également du gazole.
Mais, dans un ultime effort, ils arrivent enfin à le remettre dans le bon sens. Vanessa ouvre la porte, saisit l’enfant et le ramène sur la rive, tandis qu’Élodie tire la mère par le bras. « Elle était très choquée, ne pouvait dire un mot. Après elle s’est effondrée en sanglots », raconte Elodie. « Le garçon a juste dit : « elle est où ma maman ? » Il a été très courageux ce petit bonhomme, il n’a pas pleuré », rapporte Vanessa, encore très émue.
Un bateau et des camions de pompiers arrivent alors. Un médecin examine le petit et ses parents. Rachel, lui, s’assoit sur la rive, sonné. « La pression est retombée. J’étais vidé. Mon cœur battait à 127 pulsations m’a dit un pompier. Sans la montée d’adrénaline, je ne sais pas si on aurait pu retourner le bateau. En tout cas je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit », confesse cet homme qui n’a écouté que son courage pour sauver deux vies. De même que les deux jeunes femmes qui, hier, ont repris leur travail comme si de rien n’était. Les trois assurent n’avoir fait que ce « que tout le monde aurait fait ». Et pourtant, sans l’intervention de ces héros ordinaires, l’issue du naufrage aurait peut-être été fatale.