S'établir dans un village

 

Ils ont choisi de vivre dans un village

Publié le vendredi 02 septembre 2011 à 08H40
Ludmila et Laurent, qui ont vécu à Cannes et Juan avant de s’installer à Saint-Jeannet, ne comptent pas leurs heures de travail dans leur épicerie au cœur du village. (Photo Frantz Bouton)
En quête d'une vie plus calme et authentique, de nouvelles populations investissent les villages. Une tendance très marquée depuis quelques années

Ils habitent à Puget-Théniers, Valberg, Saint-Jeannet ou dans une contrée du haut Var. Autant dire au bout du monde, et ils aiment ça ! Comme 90 % de la population, ils auraient pu s'établir sur la bande littorale, dans la frénésie des villes et de leurs tentations modernes. Mais ils ont délibérément choisi de vivre dans un village, au vert, loin de l'horodateur et du cinéma. Même pas peur que le dentiste et l'hypermarché les plus proches soient à 30 km. Ils assument.

Prenez Laurent et Ludmilla Bianconi, la trentaine, trois enfants (Matthias, 7 ans, Alban, 5 ans et Baptiste, deux mois). Ils auraient très bien pu faire carrière dans l'hôtellerie de luxe où ils ont travaillé, à Cannes et Juan-les-Pins, pendant plusieurs années. Elle aux ressources humaines, lui au service de la clientèle huppée sur les plages, bons salaires à la clé. Au lieu de ces carrières toutes tracées, ils ont préféré reprendre un petit commerce dans le cœur de Saint-Jeannet, à 40 minutes du centre-ville de Nice.

Ça papote à la boutique

« Faut dire les choses comme elles sont : je fais mes 90 heures par semaine et je ne gagne qu'un peu plus que le SMIC. Mais la qualité de vie n'a pas de prix. Ici, où nous sommes depuis la fin 2007, on connaît tout le monde, les gens du village viennent papoter dans la boutique », raconte Laurent.

Déjà, une cliente le réclame pour se servir en épicerie bio (100 références dans les rayons). Le tutoiement est réciproque, on échange des nouvelles. Dans sa petite boutique avec cuisine attenante, le jeune père de famille n'a pas le temps d'être au moulin, puisqu'il est déjà au four : pizzas, pissaladières, fougasses, il n'arrête pas un instant. De sa grand-mère italienne, il détient la recette de pâtes fraîches, gnocchi, ravioli et lasagnes qu'il prépare tout au long de la journée.

Faire son trou

Il y avait déjà deux épiceries à Saint-Jeannet. Alors les Bianconi se sont installés sur le créneau bio, qui n'était pas encore exploité. Aujourd'hui, ils ont leur propre réseau de fournisseurs dont ils vendent les produits : le pain de Patrick Murillon de la boulangerie du Peyra à Vence, le miel de Jérôme Payen, les confitures et sirops d'Élise Durand, l'huile d'olive de Jean Tonelli, tous installés à proximité du village.

Avec ses trois diablotins de garçons et sa boutique, Ludmila est aussi très occupée. « Je ne me voyais pas vivre dans une barre d'immeuble, pas emmener mes enfants dans un square, ce qui aurait été notre destin si nous étions restés à Cannes. Ici, mon fils aîné va tout seul à pied à l'école, c'est un autre monde. »

Cela fait trois ans et demi que le couple a fait son trou dans le village. Le break familial - qui sert aussi aux livraisons - n'est pas de première jeunesse. Les revenus ont été divisés par trois ou quatre par rapport à la vie d'avant. Mais ni Laurent (Versaillais descendu en vacances pour quinze jours sur la Côte et jamais remonté) ni Ludmila n'envisagent un seul instant de retourner en ville. Même en rêve.

« Eh, Laurent : des tourtes de blette et de fèves pour midi, c'est possible ?», lance quelqu'un en passant la tête par la porte. Et c'est reparti !

Retrouvez l'intégralité de ce reportage dans votre Nice-Matin de ce vendredi ou directement sur votre journal en ligne