DE LA RENAISSANCE à 1789
IV . DE LA RENAISSANCE A 1789
1. Des siècles paisibles
Au XIVème siècle, la qualité de l'agriculture champenoise est enfin retrouvée.
Elle permettra en effet de sauver l'Ile de France voisine
d'une terrible famine
Cependant jusque vers 1740, le monde paysan ne verra plus guère de modification.
Chaque village vit de lui-méme , en marge de son époque.
Il nourrit néanmoins la ville la plus proche.
Les techniques sont si stables et suffisantes
que les nouvelles cultures rapportées d'Amérique ne parviennent pas à se répandre.
Le mais,
le haricot, et surtout le sarrasin
deviennent cependant des cultures connues en plusieurs dizaines d'années.
Chaque paysan tient à son indépendance et ne compte que sur soi.
Souvent il ne cherche à produire que ce dont, il a besoin.
Cependant si la solidarité entre paysans est forte,
le moindre service doit toujours étre trés vite rendu.
Le paysan est parfois propriétaire de ses terres ( une dizaine d'hectares)
souvent métayer ( il loue la terre à un propriétaire )
ou journalier ( il loue ses bras).
La terre appartient souvent à la bourgeoisie
ou parfois encore aux seigneurs.
Le matériel et les techniques n'ont presque pas évolué depuis les gaulois.
Ils ont méme régressé puisque la majorité des outils est redevenu en bois.
Le métal trop cher , est réservé aux lames
pointe de l'araire)
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L'assolement est triennal:
1 an de jachére ( terre labourée mais non ensemencée)
1 an de céréale secondaire ( seigle
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Le territoire est réparti en espace
"libre" dit finage des céréales
" privé" et cloturé
cultures non alimentaires et essais de nouvelles cultures)
en terres incultes et en forets.
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La vive pature est pratiquée toute l'année sur les terres incultes et,
jusqu'en 1669, dans les foréts.
La vaine pature est pratiquée sur le finage des céréales
entre la moisson et les labours.
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2. Un lent appauvrissement
Malheureusement, les impots ne cessent d'augmenter.
Voici, leur répartition :
---- IMPOTS DUS AUX SEIGNEURS
le CENS : droit d'utiser les terres sur le fief du seigneur ( souvent modique )
le DROIT DE LODS ET VENTES: taxe de 1/6 de la valeur de la terre sur vente et héritage
le TERRAGE : redevance en nature de 1/6, de la récolte ( 1/14, pour le raisin )
les CORVEES : travaux pour le seigneur en échange de sa protection.
De plus, le seigneur posséde des monopoles qui causent bien des tourments aux paysans :
chasse et péche, droit de colombier,
banvin ( droit de primauté sur les vendanges et ventes de vin)
banalités ( moulins, pressoirs, fours,routoirs pour faire rouir le chanvre)
justice non criminelle.
--- IMPOTS DUS A L'EGLISE
Les DIMES : prélèvement en nature de 4 à 6% effectué dans les champs avant l'enlèvement des récoltes,
et sur l'accroissement des troupeaux.
La DIME, doit étre versée avant tout autre impot
( la moitié est destinée au curé, aux pauvres et à l'entretien du choeur
L'autre moitié est répartie entre les abbayes du diocése et l'évéché
Mais il existe de nombreux abus et détournements.
--- IMPOTS DUS AU ROI
la taille : montant imposé par l'administration royale à chaque communauté villageoise.
Des syndics élus par la population sont chargés de répartir cette somme entre les familles,
de la collecter et d'en conserver 5,7 %
Ce montant conservé permet de payer des gardes champétres,
un berger communal( obligatoire depuis 1669)
les fétes de village, l'entretien de la nef de l'église,
des chemins, des ponts, de l'école et de tout le patrimoine commun.
La gabelle : taxe sur le commerce du sel.
L'importance de cette taxe provoqua une impotante carence en sel des troupeaux
La croissance de ces impots condamnent les petits propriétaires au profit des plus riches.
Il apparait ainsi deux classes de paysans bien distincts :
l'aristocratie paysanne se baptise elle méme
" les honnétes hommes "
pour se distinguer des plus pauvres
Cette aristocratie développe le fermage
et se montre plus ouverte au progrés.
Pour la premiére fois des cultures de légumineuses
remplacent les jachéres dans l'assolement.
Les paysans les plus pauvres survivent parfois de rapine ou de pillage,
le plus souvent dans les bois
allant quelquefois jusqu'à mettre en péril la durabilité du boisement.
L'ordonnance de Colbert,
en 1669 tenta vainement de remédier à cette situation
en réglementant les usages des bois.
Le XVIIème siècle fut sujet à quelques sévères catastrophes naturelles
provaquant famines et épidémies.
La population agricole diminua fortement
mais remonta rapidement et fortément dès le début du XVIIIème siècle.
Cette croissance démographique permit l'augmentation de la main d'oeuvre
et donc de la production et du commerce.
Par contre, elle provoqua des déplacements saisonniers en fonction
des besoins de main d'oeuvre, mais aussi le
morcellement des parcelles et des exploitations.
Parrallèlement, la valeur des terres et les impots poursuivent leur ascension.
Cette évolution a conduit à un défrichage tellement important
qu'à la fin du XVIIIème siècle, il n'y avait pratiquement plus de bois
dans notre région.
Par manque de bois de chauffage, les paysans sont alors réduits à bruler de la paille.
Durant , les hivers 1787/1788 et 1788/1789, qui ont été extrémement froids,
les derniers arbres de notre commune ont certainement été brulés.
A cette époque, le paysage de notre région devait paraitre particuliérement dénudé.
De plus, la culture des céréales, avait pris le pas sur l'élevage, jugé alors moins rentable.
Par conséquent, la fumure des terres n'était plus suffisante pour assurer de bonnes récoltes.
C'est le temps ou notre Champagne fut dite